Histoire de Terminus, terminus de l'histoire
L'excellente Revue des médias de l'INA vient de publier le récit de la publication de ma fiction "Terminus pour l'euro" en 2011 dans le Monde et introuvable dans ses archives numériques.
Mise à jour : le 30 septembre, Le Monde a remis en ligne la série Terminus pour l’euro : tous les épisodes sont consultables ici, dans l’ordre chronologique inversé (sans les magnifiques dessins de Jean-Marc Pau, hélas).
Il y a treize ans, à cette période, je terminais la rédaction d’une fiction sous forme de feuilleton d’été qui allait paraître dans le Monde, en 12 épisodes, fin juillet-début août. C’était le moyen que j’avais trouvé pour relier ensemble deux univers entrés en collision : la finance et la politique européenne.
Concentrée sur la tâche, je n’avais pas imaginé que cette série se retrouverait au centre d’un krach bancaire et de folles rumeurs. Le talentueux Mathieu Deslandes vient d’en faire le récit, dans l’excellente Revue des médias de l’INA. Lisez le! C’est en libre accès, ICI.
Il raconte les pressions d’Alain Minc sur le Monde, une dépêche AFP annulée, ce qui est très rare, et la rumeur selon laquelle Bruno Le Maire était l’auteur de la fiction publiée sous le pseudo de Philae. Il a interrogé des sources au Monde, notamment Clément Lacombe, et nous éclaire sur ce que c’est que de gérer une rumeur quand on est un journal. Bref! Il a fait entrer “Terminus pour l’euro” dans l’histoire des médias. Cool!
Son sujet, c’est l’information, la fiction et les liens entre elles. Sujet éternel qu’aucun papier ne tranchera jamais.
Preuve que les plaies ne sont pas encore pansées, la série Terminus, pourtant publiée en intégralité et pour laquelle Le Monde a été “blanchi” de tous les soupçons de manipulation de cours et autres, n’est plus disponible dans les archives numériques du journal, à l’exception de 2 ou 3 épisodes qui ont perdu au passage les belles illustrations de Jean-Marc Pau. Elle a pourtant été très lue. On continue à m’en parler parfois, des années après.
Sans vouloir ajouter trop de mots à ceux de Mathieu Deslandes, trois remarques.
Le sujet au centre de Terminus reste d’actualité : les évènements financiers et monétaires peuvent déterminer le cours des évènements politiques. Ce n’est pas parce que nous vivons en démocratie qu’il faut l’ignorer, même si cela ne fait pas plaisir de constater que la loi de la majorité, le “un homme, une voix”, ont de rudes concurrents. A l’ignorer, on s’expose à d’amères surprises.
Depuis 2011, les puissances de l’argent, comme disait Albert Camus, n’ont fait que gagner en influence, alors même que l’Union européenne et d’autres n’avaient pas ménagé leurs forces pour “moraliser” la finance.
Ensuite, l’industrie de l’information ressemble plus que jamais à une énorme salle de marché.
Enfin, le malentendu franco-allemand, qui était l’autre sujet de la fiction, reste entier. La France et l’Allemagne, comme archétypes, comme cultures, dialoguent sans s’entendre tout à fait. Il n’y a pas d’autre solution que de poursuivre la conversation.
Je n’ai aucun regret. J’ai eu raison de saisir ma chance et, forte d’un soutien sans faille des miens, de proposer ce récit. Je suis éternellement reconnaissante à Erik Izraelewicz de m’avoir fait confiance, d’avoir compris et osé mettre les pieds dans le plat. Paix à son âme.